Hygiène de l’esprit.

Publié le par Gaetanne42

 

  zen  Je lisais hier un article sur une certaine espèce de fous à opinions, qui, à force de voir les choses toujours sous le même angle, finissent par se croire persécutés, et sont bientôt dangereux et bons à enfermer.

 

Cette lecture, qui me jetait dans de tristes pensées (quoi de plus triste à considérer qu’un fou ?), me rappela pourtant une bonne réponse que j’avais entendue.

Comme on parlait, en présence d’un sage, d’un ½ fou, à persécutions qui, par surcroît, avait toujours froid aux pieds, ce sage dit :

 

« Défaut de circulation dans le sang, et de circulation dans les idées. »

 

Le mot est bon à méditer.

 

Il est sûr que chacun de nous à des pensées autant qu’on voudra, comme rêves ou associations burlesques entre des images. C’est le langage intérieur surtout qui trébuche, et qui, par une faute de prononciation, nous jette souvent à quelque idée absurde. Seulement nous n’y restons pas. Chez l’homme normal, il se fait un continuel changement d’idées, comme un vol de moucherons.

Et nous oublions tellement toutes nos folies que nous ne serions jamais capables de répondre exactement à cette question  qui paraît si simple : « A quoi pensez-vous ? »  

 

Cette circulation des idées conduit souvent à une certaine futilité et puérilité.

Elle est pourtant la santé même de l’esprit. Et, si j’avais à choisir, j’aimerais mieux être insouciant que maniaque.

 

Je ne sais si ceux qui instruisent les enfants et les hommes ont assez réfléchi là-dessus. A les entendre, on croirait que le principal est d’avoir des idées bien cimentées et bien lourdes à remuer. A quoi ils nous habituent de bonne heure par leurs ridicules exercices de mémoire ; et nous traînions toute notre vie des chapelets de mauvais vers et de maximes creuses qui nous font buter à chaque pas. Dans la suite, on nous enferme dans quelque spécialité à litanies. On nous dresse à remâcher.

Et cela devient dangereux par l’âge, dès que nos humeurs donnent de l’amertume à nos pensées. Nous récitons mentalement notre tristesse, comme nous récitons la géographie en vers.

 

Qu’on dénoue les esprits, au contraire. Je donnerai comme règle d’hygiène : 

 

"N’aie jamais 2 fois la même pensée. "

A quoi l’hypocondriaque dira :

 " Je n’y peux rien ; c’est que mon cerveau est ainsi fait et arrosé de sang plus ou moins"

 

C’est clair. Mais nous connaissons justement une méthode pour masser le cerveau ; il ne faut que changer d’idées ; et ce n’est pas difficile, si l’on y est entraîné.

 

Il y a 2 pratiques infaillibles pour purger la cervelle.

 

L’un consiste à regarder autour de soi et à se donner comme une douche de spectacles ; il n’en manque jamais.

L’autre consiste à remonter des effets aux causes, ce qui est un moyen assuré de chasser les idées noires. Car la chaîne des causes et des effets nous emmène en voyage, et tout de suite fort loin ; c’est une autre manière d’interroger l’oracle, comme si, au lieu de rechercher par quelles pensées la Pythie m’a prédit que je finirais avare, je voulais comprendre comment sa bouche a formé ce mot-là plutôt qu’un autre ; me revoilà aux voyelles et aux consonnes, et à la pente naturelle qui nous conduit de l’une à l’autre ; toute la phonétique entre en scène.

 

Quelqu’un avait fait un rêve un peu effrayant. Comme je l’invitais à en chercher les vraies causes, qui sont souvent dans des perceptions jointes à de petits malaises, il se lança dans les hypothèses, et je vis qu’il était délivré. La circulation était rétablie…

 

 

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